Top Construction - En chemin vers demain
Si le secteur vous est familier, vous savez qu’en des circonstances normales, quand la construction va, tout va. Or, chacun s’accorde à dire que la période dans laquelle nous nous débattons sous nos latitudes est la plus anormale de l’histoire depuis la Seconde Guerre mondiale. C’est assez paradoxal. Car en même temps, le maudit virus rend aussi l’expression ‘nouvelle normalité’ plus usitée que jamais. Pourtant, nul ne peut dire combien de variants nous séparent encore du moment où ces nouvelles normalités s’installeront dans nos habitudes. Ni pour combien de temps.
Ce qui relève de l’évidence, c’est la passion qui anime les débats. Et plus uniquement sur les réseaux sociaux, où ceux qui le souhaitent peuvent s’agiter dans un anonymat plus grand. Il n’est plus forcément possible de distinguer le vrai du faux dans tout ce qui devient viral. Quand notre perception manque de clarté, c’est tout un art de prendre du recul pour objectiver les informations. Heureusement pour Trends Business Information, le défi est plus aisé avec les chiffres que lorsque les émotions s’en mêlent.
Les chiffres montrent que la construction résiste relativement bien au coronavirus. Nous pouvons déduire de 400.000 comptes annuels pour l’exercice 2020 que la valeur ajoutée tous secteurs confondus a essuyé un revers de 10%, alors qu’elle est restée stable en comparaison de 2019 pour les 52.000 sociétés de construction tenues d’établir un bilan. La part du secteur dans notre économie atteint 8,5%. C’est loin d’être négligeable, même si certains attendent sans doute mieux d’un segment qui représente 13% des entreprises belges.
Relativité
Les chiffres absolus ne disent pas tout de la santé d’une entreprise. C’est pourquoi nous examinons également des indicateurs susceptibles de traduire une infection (potentielle). La solvabilité exprime la mesure dans laquelle une société est capable de rembourser ses dettes à court et long terme, en rapportant les fonds propres au total du bilan. Dans 75% des entreprises de construction tenues d’établir un bilan, ce rapport dépasse 15%, soit le minimum vital. Un quart n’atteint donc pas ce seuil. 12% des sociétés de construction sont même confrontées à une solvabilité négative et se trouvent donc en faillite virtuelle. Le point positif est que la construction s’en sort mieux que l’ensemble des secteurs, dont le taux dépasse 14%.
Le fait est que le tsunami de faillites tant redouté ne s’est pas produit. Ces deux dernières années, le nombre de jugements a été sensiblement inférieur à la période précédente. Il ne faut pas perdre de vue que certains acteurs ont été maintenus en vie artificiellement par les diverses mesures de soutien et le moratoire sur les faillites. Au début de cette année, nous observons toutefois une première augmentation. Et le nombre de cessations d’activité a augmenté de 10% en 2021 par rapport à 2020. Cette hausse significative par rapport à l’ensemble des entreprises (-3%) est peut-être un mauvais présage de plus. La bonne nouvelle est que 16.000 entrepreneurs ont éprouvé une motivation suffisante pour lancer leur propre activité, soit une hausse de 5%.
La construction peut accueillir ces chefs d’entreprise passionnés. Actuellement, elle occupe plus de 200.000 travailleurs et 90.000 indépendants. D’après la Confédération Construction, l’activité a progressé de 10% en 2021, après un recul de 5% en 2020. Les carnets de commandes sont remplis et les principaux défis résident dans l’importation ou le prix des matières premières et la recherche ardue de main-d’œuvre qualifiée. Une autre vague, celle de la durabilité, joue en faveur du secteur car elle contribue littéralement à construire demain. Mais nous savons désormais que ce demain peut parfaitement se révéler dès demain tout différent d’aujourd’hui.
Tommy Browaeys
Editeur
Cet article est paru dans le Top Construction, qui est disponible en PDF.
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