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Top 5.000 - Les compagnies d'assurance ont tenu bon 

Si l’on exclut les chiffres des assureurs internationaux venus s’installer chez nous en raison du Brexit, le secteur termine l’année avec un encaissement de 28,4 milliards, en recul de 2,6%. (Tony Coenjaerts)

Le « coupable » est le secteur vie. Globalement en effet ce dernier, qui assure avec 15,5 milliards 54% de l’ensemble des primes collectées, recule de 5,4% avec toutefois des évolutions divergentes selon le type d’assurance souscrit. Les assurances vie individuelles (9,6 milliards) reculent ainsi de 9,6% alors que les assurances de groupe (5,9 milliards) progressent de 2,2%. En non-vie (13 milliards), la progression est de 1% avec, COVID oblige, des évolutions contrastées. Les assurances voyage ont plongé, le confinement ainsi que le télétravail ont sensiblement fait chuter le nombre d’accidents et l’actuelle pandémie a plus d’une fois mis en lumière l’utilité d’une assurance hospitalisation.

Tout au long de l’année, le secteur a fait preuve de solidarité envers les victimes du COVID en accordant un report pour le paiement des primes, un répit pour le remboursement des crédits hypothécaires ou encore le maintien en cas de chômage temporaire des garanties offertes par les assurances de groupe. Revers de la médaille, le COVID a également stimulé la créativité des fraudeurs. D’où la nécessité de mettre au point des outils de détection de plus en plus performants, tel Alfa Belgium, une banque de sinistres automobiles gérée par Datassur, une coopérative créée à l’initiative des compagnies d’assurance. Les données relatives à un sinistre y seront conservées pour une période de trois ans suivant la date de clôture du dossier et permettront sans aucun doute d’intéressants recoupements. Le secteur estime en effet à 500 millions, soit 125 euros par ménage, l’ampleur de la fraude dans notre pays. Dans ce total, l’assurance automobile interviendrait pour près de la moitié.

Régularisations

Au niveau des compagnies, l’année sous revue n’a pas été exempte de remous. Fin 2019, l’Intégrale, une filiale à 71% de Nethys, spécialisée dans les assurances groupe terminait l’année avec une perte de 378 millions d’euros. Un malheur venant rarement seul, l’effondrement des bourses consécutif à l’apparition du COVID-19 entraînait, début 2020, le ‘Solvency II ratio’ sous la barre des 100%. Invités à recapitaliser l’entreprise, certains actionnaires ont renâclé de sorte que la Banque Nationale a finalement pris les choses en main avec la désignation, fin février 2021, d’un collège d’administrateurs provisoires. Deux mois plus tard, une convention de cession d’actifs était signée avec Monument Assurances Belgium, déjà acquéreur dans notre pays de divers portefeuilles d’assurances vie : Allianz, Curalia, etc. et filiale de Monument Re, un réassureur basé aux Bermudes. Diverses procédures juridiques ayant depuis été lancées, il n’est pas certain que toutes les conditions suspensives dont est assortie cette transaction seront finalement rencontrées.

Désirant développer ses activités dans les assurances vie combinées à des fonds de placement (branche 23), P & V a finalisé en juin 2020 l’acquisition de Private Insurer, un assureur spécialisé en ce domaine mais a rapidement déchanté. Un audit externe demandé par la nouvelle direction révèle en effet qu’un nombre important de polices étaient entachées d’un risque fiscal. Devant l’ampleur de l’impact des irrégularités constatées, le conseil d’administration arrête le 25 février 2021 toute nouvelle production. Depuis cette date, la société n’émet plus de nouvelles polices, n’accepte plus le paiement de nouvelles primes dans le cadre des polices existantes et limite ses activités à la gestion en ‘run off’ des contrats existants. Le coût de cette régularisation, estimé à 53 millions d’euros en fin 2019 aurait, affirment les nouveaux actionnaires, dû figurer au bilan de cet exercice. Selon les comptes ainsi retraités, l’exercice 2019 se clôture sur une perte de 59 millions d’euros en lieu et place du bénéfice net de 233.049 euros affiché par le document officiel déposé en son temps auprès de la Banque Nationale.

Disparitions

Jusqu’en 2019, propriété du groupe anversois Ackermans & van Haaren (AVH), l’assureur de niche ASCO et le souscripteur BDM qui depuis longtemps travaillaient main dans la main ont connu des destins différents. Leur nouveau propriétaire américain (The Navigators Group) ayant lui-même été repris par un autre (The Hartford) désireux de se désengager de l’Europe, le premier a cessé toute nouvelle souscription au 1er janvier de cette année. Le second, qui compte parmi sa clientèle une importante proportion de HNWI (High Net Worth Individuals) ou clients fortunés est depuis peu propriété des Assurances Fédérales.

Les contraintes réglementaires et de reporting devenant de plus en plus difficiles à supporter par les compagnies de petite taille, l’Ardenne Prévoyante a fusionné avec sa maison mère Axa, tout en maintenant une activité non-vie sur le site de Stavelot.


Cet article est paru dans le Top 5.000 qui est disponible en PDF.

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